Les deux nouvelles unités du Centre Hospitalier du Mans présentent les spécificités des grands équipements de santé : une multiplicité de petits locaux soumis à des contraintes d’hygiène drastiques. L’optimisation des découpes et des solutions de mise en œuvre adaptées ont permis à l’entreprise SRS de mener à bien ce chantier dans des délais serrés.
Avec l’inauguration des bâtiments Madeleine-Brès et Plantagenêt, dédiés à l’ambulatoire et aux spécialités médicales, le Centre hospitalier du Mans (CHM) fait plus que s’adapter aux nouvelles pratiques de soins. Il entame la refonte complète d’un complexe hospitalier devenu chaotique et irrationnel au fil de ses extensions et de ses modifications.
Chargé de concevoir les deux premiers édifices symbolisant le renouveau du CHM, l’architecte Michel Rémon a placé le souci de clarté au cœur de son projet. La simplicité dirige la conception du gros œuvre au dessin des sols, confiée à l’architecte d’intérieur Frédérique F. Thomas. Également coloriste et plasticienne, elle a cherché à concilier esthétique et sobriété : la couleur du revêtement aide le patient à s’orienter, tout en restant très discrète. Les teintes claires sont privilégiées.
Un marché pour deux
18 000 m2 de sols souples ont été posés sur le chantier. Le marché a été remporté par l’entreprise SRS (Société de revêtements de sols), associée à une entreprise mancelle, le duo intervenant en sous-traitance de la SOGEA Atlantique BTP. Cette filiale de VINCI Construction est adjudicataire du macrolot pour la réalisation du bâtiment, hors réseaux spécifiques à l’hospitalier, traités par d’autres. La configuration en deux unités distinctes a facilité la répartition du chantier entre les deux entreprises de sol, chacune gérant finalement un bâtiment entier. L’hospitalier n’est pas une terre inconnue pour SRS. L’entreprise, qui traite tout type de programme, réalise environ 10 % de son chiffre d’affaires annuel dans le domaine de la santé, de l’EHPAD à l’hôpital spécialisé. Ces dernières années, elle est notamment intervenue sur l’IGR de Villejuif.
L’hygiène, priorité n° 1
C’est dire si elle est familière des contraintes de ce genre de chantier. « La particularité des sols en hospitalier est qu’ils présentent des remontées de plinthes, pour faciliter l’entretien et l’hygiène. Il faut être rigoureux, en particulier pour les soudures, qui doivent être très soignées pour empêcher la prolifération de bactéries ». Le programme ne comprenait pas de blocs opératoires, où la question des soudures est particulièrement aiguë. Il ne comportait que quelques locaux spéciaux (dialyse), des circulations, et surtout « 240 chambres, ce qui veut dire 240 douches » rappelle Fabrice Fouquet. Une pièce technique, où, en plus du siphon, le solier doit aussi poser les murs. Le marché signé par SRS a d’ailleurs inclus les murs des circulations, réalisés en vinyle. Les références produits utilisées sont aussi dépendantes des contraintes sanitaires. Ici, l’entreprise a utilisé principalement les produits de gamme vinyle hétérogène compact acoustique Acczent Platinium (Tarkett), ne nécessitant pas de sous-couche absorbante phoniquement.
Plus douce sera la chute
Huit références produits ont été mises en œuvre sur le chantier. S’il restait sobre, le dessin de sol imaginé par l’équipe de maîtrise d’œuvre prévoyait à l’intérieur de chaque chambre un insert d’environ un mètre carré reprenant la teinte du couloir, opérant la transition avec un sol de couleur plus neutre. « Du fait des différences de classement Upec – U3P2 pour les chambres, U2P2 pour les couloirs, il fallait utiliser deux références différentes », explique Fouquet. Un travail sur plan permettait d’optimiser les débits de matières et réduire autant que possible les chutes, qui demeurent importantes dans ces bâtiments multipliant les petits locaux. « Sur un chantier classique, les chutes représentent généralement 8 à 10 % de la surface du bâtiment, détaille Fabrice Fouquet. Au Mans, le ratio est plutôt de 10 à 15 %, soit 1 800/2 000 m2 de chute, presque de quoi faire un nouveau bâtiment ! ».
La dimension réduite de ces chutes limite bien sûr les possibilités de réemploi. Stockées dans une benne dédiée, elles sont récupérées par l’industriel et transformées en sous-couche acoustique.
Ragréage et sols durs
Les équipes de SRS ont installé leur atelier de débit dans une des grandes salles du bâtiment. Mais la pose n’a pu commencer qu’après une importante préparation des supports. Des flaches de 20 mm constatées sur les dalles béton ont nécessité l’emploi d’un ragréage fibre pouvant absorber ces irrégularités. « Nous avons opté pour un ragréage à la pompe, détaille Fabrice Fouquet, ce qui permettait d’envoyer le matériau depuis le rez-de-chaussée. Cela évitait de nombreuses opérations d’acheminement et de manutention, même si nous aurions pu utiliser les ascenseurs ». Ne dépassant pas quatre étages, l’édifice se prêtait bien à cette solution efficace tant que la distance entre le réservoir et le point de livraison n’excèdait pas les 80 mètres. « La pompe se déplaçait avec l’avancement du chantier, se rappelle Fouquet, le point de vigilance principal étant lié à la température extérieure lors du coulage ». Le climat manceau n’a pas dépassé les limites qui auraient stoppé net les opérations de réagréage.
Le chantier s’est déroulé sur 6 mois, et aura mobilisé jusqu’à une dizaine de collaborateurs de SRS. En rythme de croisière, chaque compagnon réalisait une chambre par jour. Un chantier qui se déroule finalement sans accroc majeur, dans un contexte tendu par des délais serrés et les interventions rapprochées de différentes entreprises. De ce point de vue, le marché en macrolot équivaut pratiquement à un marché en entreprise générale, soutient Fouquet, ardent partisan des marchés passés en corps d’état séparés.
Source : Reflets & Nuances, n°187, avril 2021.