Des apprentis soliers en action
Reconduit cet été pour cinq ans, le titre de solier/solière niveau 4 de Kaléi et de l’UPMF-FFB est désormais la seule formation dédiée. Sa reconduction s’accompagne d’actions concrètes pour satisfaire les besoins pressants de main d’œuvre dans les entreprises de peinture et/ou revêtements.
Meilleurs ouvriers de France, médaillés aux Olympiades des métiers ou lors de la compétition européenne des Euroskills… Plus de la majorité des candidats auréolés lors des dernières éditions de ces concours d’excellence possédaient la certification de solier/solière de niveau 4.
« C’est une reconnaissance de sa haute qualité et la preuve que ce titre est techniquement abouti. Et c’est assez rare pour le souligner. Il n’est plus possible aujourd’hui de s’improviser solier sans une formation sérieuse », annonce d’emblée Luc Papavoine, président de la Commission formation de l’UPMF-FFB.
Créé dès les années 2000 par Kaléi* et l’UPMF-FFB, « ce diplôme s’obtient à l’issue d’une formation dont les coûts sont pris en charge par les OPCO** en alternance de 18 mois via un contrat de professionnalisation ou d’apprentissage », explique Didier Besson, président du Réseau de formation des soliers (RFS). « Le candidat suit un parcours de trois blocs de compétence de l’organisation du chantier jusqu’à la mise en œuvre de revêtements techniques ». Résultat : une fois ce diplôme en poche, ces professionnels « très complets savent répondre à toutes les sollicitations des clients. Ce métier de solier est valorisant et attractif. Il amène à se déplacer et bénéficie d’une rémunération à la hauteur des compétences. Pour un titre de niveau 4, il est même reconnu comme l’un des mieux payés du BTP », précise Luc Papavoine. Pourtant, il peine encore à attirer.
Le dernier des diplômants
En 20 ans d’existence, ce titre de solier/solière a assis ses lettres de noblesse : « plus de 700 jeunes l’ont obtenu. Dépassant les 90 %, les taux de réussite comme d’embauche en CDI sont excellents. Les entreprises reconnaissent les compétences et la qualification de ces diplômés. Mais, cette expertise reste encore méconnue du grand public et de certains professionnels », regrette Didier Besson. Or, face à une population vieillissante soldée par de nombreux départs en retraite de soliers, – les plus de 50 ans représentent environ 25 % des effectifs des entreprises de peinture et/ou revêtements dont la moitié ont plus de 55 ans – ce métier « qui demande beaucoup de technicité » reste en tension. D’où l’intérêt de ce titre idoine. « Il est devenu d’autant plus important qu’il s’agit désormais de la seule formation existante », informe Benoit Hébert, président de la commission formation de Kaléi.
En effet, depuis 2020, « l’Éducation nationale a abandonné le CAP de solier-moquettiste. Le titre de niveau 4 est aujourd’hui une nécessite vitale pour la pérennité de la profession », reprend Luc Papavoine. Résultat : ses deux co-titulaires – Kaléi et l’UPMF-FFB – ne cessent d’œuvrer pour répondre aux besoins criants de compagnons qualifiés dans les entreprises.
Un titre de haute qualité pour tous
L’été dernier, cette certification de solier/solière a été renouvelée pour une période quinquennale, en intégrant les mutations du marché. « Elle sera réexaminée dans cinq ans. Il n’est pas question de réécrire tout son référentiel, mais parce que le métier évolue, ce titre en veille technologique peut être modifié le cas échéant », reprend Luc Papavoine. Et il a été conçu accessible au plus grand nombre. « Les prérequis pour intégrer cette formation sont extrêmement simples. Il suffit de savoir lire, écrire et compter », confie Benoit Hébert.
En outre, « en 20 ans, cette formation a assisté à une nette féminisation des candidatures ». Et il ne reste pas réservé aux seuls jeunes en quête d’un diplôme. Pour les demandeurs d’emploi, Pôle Emploi prend en charge formation, hébergement, transport et repas. Quant aux professionnels en exercice, ils peuvent aussi accéder à ce métier de solier en VAE (Validation des acquis de l’expérience) via un plan de développement des compétences de l’entreprise ou un Compte personnel de formation (CPF). « Dans ce cas, l’obtention du titre est flexible. Grâce au découpage des trois blocs de compétence, le candidat peut échelonner ses acquisitions, ou revenir par la suite sur un bloc de compétences s’il venait à le rater », indique Didier Besson.
Un maillage territorial renforcé dès 2021
Reste que ce titre de solier/solière forme trop peu de futurs professionnels. Dispensé dans cinq centres de formations mis à disposition par les leader du revêtement de sols – Tarkett, Gerflor, Forbo – et géré par le RFS, « avec une session annuelle par centre, remplie de manière aléatoire par 10 candidats au mieux, seuls 30 diplômés environ en sortent par an », concède Benoit Hébert.
Outre sa méconnaissance, le métier de solier souffre aussi d’un maillage insuffisant de lieux où se former, aggravé par la disparition du CAP Solier-moquettiste. Il ne reste plus que les centres de formation habilités par le RFS de Sedan (08), Reims (51), Rennes (35), Toulouse (31) et Lyon (69). Or, « pour les entreprises par exemple situées à Paris, sur la façade Atlantique ou dans le Sud, il est difficile de proposer une alternance à un jeune qui devra être motivé pour couvrir des kilomètres afin d’assurer ses 900 heures de formation pendant 18 mois pour accéder au titre de solier/solière », illustre Benoit Hébert. Les trois industriels qui ont été supports essentiels en mettant à disposition leurs centres de formation pour ce diplôme, ne sont pas enclins à en ouvrir d’autres. Pour autant, « la volonté est de diffuser ce titre sur tout le territoire et au plus près des entreprises afin que l’éloignement ne soit plus un frein », révèle Didier Besson. Conséquence : le RFS est en pourparlers avec des organismes tels que les CCCA-BTP, « pour détecter les CFA qui entreraient en convention avec nous afin de dispenser ce titre de niveau 4 dans les zones géographiques où les besoins sont avérés et où il n’existe pas de formation pour les soliers ».
Les premiers organismes licenciés par le RFS pourraient fonctionner dès la rentrée de 2021. Et dès 2023, doubler le nombre de soliers/solières formés chaque année.
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Pour en savoir plus : www.formation-solier.com
*Kaléi : syndicat français des entreprises de revêtements techniques et décoratifs.
**OPCO : opérateurs de compétence. Chargés d’accompagner la formation professionnelle, ils remplacent les anciens organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA).
Source : Reflets & Nuances, n°185, p. 62-63.