Quand les peintres rendent le sourire aux enfants

Depuis 2009, l’humanitaire est au cœur de la distribution décoration. François Nicolas, à l’initiative de l’Opération Peintres du Sourire, déclinée au sein du Groupement UGD et au Club Onip, revient sur la genèse de cet élan de solidarité qui n’est pas prêt de s’essouffler.

Cela fait 10 ans maintenant que chaque fin d’année, des affiches fleurissent dans les points de vente du groupement de négoces indépendants UGD et de Club Onip : celles de l’Opération Peintres du Sourire – Pour un Sourire d’Enfant (PSE).

C’est un événement commercial à destination des artisans et entreprises de peinture, conçu pour financer le projet d’une école du bâtiment au Cambodge. Il est depuis devenu un rendez-vous incontournable pour de nombreux professionnels. Et un formidable « élan de solidarité ».

Des centaines d’enfants défavorisés de Phnom Pen sortent chaque année avec une qualification reconnue aux métiers de l’électricité, du sanitaire, de la climatisation, de la maçonnerie, du carrelage, de la peinture et des revêtements… leur permettant de trouver rapidement et durablement un métier pour donner un vrai sens à leur vie », reprend François Nicolas, en précisant paraphraser le groupement UGD. Mais c’est lui qui est à l’origine de cette initiative. Et pour lui l’histoire a démarré avant.

Aider les enfants cambodgiens dans la misère

C’est une tragique quête de sens qui a amené François Nicolas à s’investir auprès de l’Association Pour un Sourire d’Enfant (PSE). « En 2005, je dirigeais une boîte de distribution de fournitures pour peintres. Ma femme est décédée en juin. Je sens alors que je perds la niaque que j’avais pour mon métier, j’avais besoin d’engagement. Mais je n’étais ni médecin, ni ingénieur hydraulicien », confie le distributeur depuis retraité. « Et tout d’un coup, la réponse m’est tombée dessus ».

Lors d’une conférence en 2007, il rencontre l’Association PSE dont la mission est de sortir de la misère les enfants cambodgiens les plus pauvres et de les conduire à un métier. « Suite à la prise de pouvoir par les Khmers Rouges dans ce pays, tous les intellectuels ont été exterminés. Christian et Marie-France des Pallières, un jeune couple de retraités français alors ici en mission humanitaire, découvrent un intolérable niveau de misère dans les années 1990. Les enfants vivaient dans des décharges ». Ils décident alors de les nourrir. « Mais ils s’épuisent et s’aperçoivent que ce n’est pas suffisant. Les enfants aspirent à retrouver le chemin de l’école ». Le couple retraité mobilise alors leurs amis en France et créent l’association PSE pour les accompagner vers la scolarité. Quelques années plus tard, ils font le triste constat qu’une fois leur diplôme en poche, les enfants cambodgiens « surtout les plus défavorisés retournent vivre dans les décharges parce qu’ils n’ont pas de métier, et qu’il n’existe pas de formations professionnelles ».

L’association créée alors une réponse adaptée à ce néant provoqué par le génocide cambodgien 20 ans plus tôt.

14 000 journées transformées en formations utiles en 2018

À chaque fois que l’Association PSE crée là-bas une filière professionnelle, « elle s’adosse à un partenaire de référence en Europe : Norauto, pour la mécanique, l’École de Lausanne pour l’hôtellerie, ou l’Essec pour le commerce. Mais lorsque je la rencontre en 2007, elle souhaite monter une école du bâtiment et ne sait pas comment faire », se souvient François Nicolas. En quête de sens, il embrasse alors cette cause en envoyant à Phnom Pen de l’argent, des produits, « et des copains peintres qui œuvraient dans les CFA pour monter au Cambodge les programmes et former les formateurs étant donné qu’il n’y en avait plus ». Mais encore une fois, les moyens deviennent vite insuffisants. François Nicolas se rapproche alors des industriels Henkel et Toupret, et du groupement de négoces indépendants UGD en 2009.

Depuis, l’Opération Peintres du Sourire – Pour un Sourire d’Enfant a été renforcée par la venue de Club Onip, des sociétés Nespoli et Romus, puis de Vepro, Outil Parfait, et OCAI. Le principe : à travers une offre promotionnelle, cette opération propose de transformer en journées de formation pour les enfants de Phnom Pen, une partie du montant des achats réalisés chez les adhérents UGD et le Club Onip, sur une sélection de références chez chaque industriel concerné.

« C’est toute une chaîne de générosité qui s’est ainsi organisée », conclut François Nicolas. Et qui n’est pas prête de se briser. Grâce à ce moment de solidarité unique, 8 100 journées étaient transformées en formations utiles en 2009. 10 ans plus tard, elles sont 14 000. Un record battu pour l’Opération Peintres du sourire, et pour les professionnels solidaires qui participent ainsi chaque fois plus nombreux au financement de l’apprentissage de jeunes cambodgiens pensionnaires de la section Bâtiment de l’institut PSE.

Source : Reflets & Nuance, n°181, octobre 2019, p 63-64.

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