La FFB confirme le scénario de reprise économique mais reste prudente

La Fédération française du bâtiment maintient sa prévision de croissance de l’activité de 3,4 % en volume en 2017. 10 000 emplois devraient être créés dans le secteur. La reprise repose avant tout sur le neuf, souligne la Fédération, qui s’inquiète de la panne du marché de la rénovation, et des marges « au plus bas » des entreprises.

Cette fois, le rebond de l’activité dans le bâtiment a de vrais airs de reprise économique dans un secteur qui la guette depuis 2008. Lors de son point de conjoncture trimestriel, ce mercredi 29 mars, la Fédération française du bâtiment (FFB) a confirmé s’attendre à une accélération de l’activité en volume cette année, avec une hausse attendue de 3,4 %.

Une hausse qui sera essentiellement alimentée par la construction neuve, où le non-résidentiel (avec des autorisations en hausse de 4,2 % et des mises en chantiers qui bondissent de 6,7 % en glissement annuel sur trois mois à fin février) se cale désormais dans la roue du logement (permis en hausse de 15,5% sur la même période ; mises en chantier qui gonflent de 8,5 %).

 

Inégalités territoriales

 

Avec une réserve de taille, toutefois : l’embellie est très inégale sur le plan territorial. « 80 % des chantiers restent concentrés dans et autour des 20 % de communes et métropoles qui sont déjà très dynamiques, signale Jacques Chanut, le président de la FFB. Le neuf ne suffira pas à alimenter le redémarrage sur tout le territoire. Il faut s’occuper des territoires qui se sentent à l’abandon, comme les petites villes qui se vident de leurs habitants. »

 

La deuxième bonne nouvelle pour le secteur, c’est que cette dynamique va profiter à l’emploi : la FFB prévoit une solde net de 10 000 postes cette année. Il s’agira pou beaucoup de contrats d’intérim, comme le montre le premier graphique du ministère du Travail, ci-dessous. Mais la volonté des chefs d’entreprises d’embaucher en CDI ou CDD long est également prégnante. Le tout confirme le rebond de l’emploi, dans le sillage d’une année 2016, qui s’étaient conclue par un retournement positif de croissance, à +1,9 % en volume. Les effectifs du bâtiment s’étaient stabilisés l’an passé, après 35 600 pertes d’emplois 2015.

Autre motif de satisfaction, les défaillances d’entreprises sont en net recul (-13,5 %) sur 2016, « même si nous partons de très haut », tempère Jacques Chanut. Le rythme de recul des prix, lui, se tasse. « Mais les prix sont encore à un niveau trop faible pour permettre aux entreprises de redresser leurs marges », analyse le président de la FFB, qui se réjouit toutefois de « la fin de la descente aux enfers » dans ce domaine.

 

Taux d’intérêt et présidentielle

 

L’optimisme inspiré par l’addition de ces bonnes nouvelles reste néanmoins teinté de prudence à la FFB, où plusieurs risques et points de vigilance sont mis en avant. Outre une remontée trop brutale des taux d’intérêts, le plus évident tient à la période électorale et, surtout, aux contenus des programmes des candidats à la présidentielle, qui « ne permettent pas de lever les inconnues qui pèsent sur 2018. Les différents candidats ont presque tous renoncé en la matière à un objectif chiffré global, tout en insistant sur la permanence et la diversité des besoins en fonction des territoires », constate Jacques Chanut.

De fait, si des projets chiffrés de créations de logements sociaux et étudiants pour le prochain quinquennat figurent dans les programmes, la question globale du logement avait été davantage au cœur des campagnes précédentes, de la « France de propriétaires » promise par Nicolas Sarkozy en 2007 aux 500 000 constructions neuves par an visées par François Hollande en 2012. Et bien que désormais orientées à la hausse, les mises en chantier de logement n’ont finalement atteint « que » 387 000 unités sur douze mois en février.

 

La rénovation fait du surplace

Second motif d’inquiétude, le second moteur de l’activité, la rénovation, reste au quasi point mort. Un constat qui interroge : la reprise des transaction dans l’ancien depuis 2014 aurait dû, en théorie, déclencher une vague de travaux d’amélioration-entretien. Il n’en a rien été. « L’effondrement des travaux avant relocation pour le segment du locatif privé, ainsi que la faible évolution des prix du marché (+0,7 % en 2016 et +0,9 % en glissement annuel sur le dernier trimestre), ne laissent guère percevoir d’amélioration dans l’immédiat », analyse Jacques Chanut. Les chefs d’entreprise ne perçoivent pas eux-mêmes d’inflexion positive.

Pour ranimer le marché, le président de la FFB juge nécessaire de « recalibrer et d’amplifier les dispositifs d’incitation financière existants » aux travaux de rénovation, centrés sur la rénovation énergétique (CITE, éco-PTZ). Et de revoir la pédagogie, et, même, le positionnement : « Il faut être pragmatiques. L’argument selon lequel les travaux de rénovation énergétique sont financés par de dutures baisses de charges ne fonctionne pas et a généré beaucoup de désillusions dans nos rangs. La réorientation de ces aides sera un sujet de discussion avec le prochain gouvernement », confie le patron de la FFB. Il plaide en parallèle pour le maintien des dispositifs Pinel et PTZ. D’autres sujets de discussions, là encore, avec le futur gouvernement.

 

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