Les drones au service du bâtiment

Selon une étude du cabinet de conseil Oliver Wyman datant de 2016, le marché des drones civils en France devrait passer de 652 millions d’euros d’ici à 2025 alors qu’il ne représentait que 155 millions d’euros en 2015. La révolution est donc en marche. Les drones sont désormais partout : dans l’agriculture, l’industrie, la police, les médias et bien sûr dans le BTP. Leur utilisation ne se limite plus aux loisirs ; le drone s’invite désormais sur les chantiers. À quoi servent les drones dans le bâtiment ? Quelles sont les solutions du marché et notamment pour la peinture ? Quels sont leurs avantages et les aspects réglementaires ?

 

Les drones sont généralement définis comme des aéronefs télépilotés et sans passager. Ils embarquent le plus souvent une caméra ou un appareil photo haute définition et communiquent avec des logiciels de traitement d’informations. Capables de prendre une succession de clichés en un temps record, ils étaient initialement utilisés par les militaires mais aujourd’hui tous les secteurs professionnels s’y intéressent. Ils ont séduit jusque sur le chantiers où ils trouvent leur place dans les travaux de ravalement, de couverture, de charpente et même de peinture !

 

Les drones pour quels usages ?

 

Le spectre d’action des drones professionnels est large et s’adresse aussi bien au maître d’ouvrage qu’au promoteur immobilier ou à l’entrepreneur afin de réaliser des suivis de chantier, des relevés de l’existant mais aussi de réaliser des inspections visuelles et thermographiques. Capable d’intervenir sur des chantiers difficiles d’accès, le drone est en passe de devenir un outil indispensable pour faciliter rapidement de nombreuses tâches quotidiennes du professionnel du BTP. Équipé d’un capteur thermographique infrarouge, un drone permet l’analyse de ponts thermiques, le contrôle de pertes de chaleur, de repérer des défauts d’isolation sans même pénétrer dans le bâtiment ou de contrôler une installation photovoltaïque. Notons que le coût d’un diagnostic thermique de copropriété à l’aide d’un drone peut être divisé par cinq par rapport aux techniques traditionnelles. Les données récoltées faciliteront ensuite la rénovation et l’amélioration des performances énergétiques d’un bâtiment. De même, depuis un peu moins de deux ans, les drones nettoyeurs de toitures se multiplient. Patrick Torcol de la société MPR estime « que le démoussage, le nettoyage des toits à l’aide de drone peut rapidement devenir une activité à plein temps pour une entreprise du BTP tant la demande est importante ». Doté d’une autonomie d’une vingtaine de minutes, ce type de drones est ainsi capable de traiter une zone de 150 m!

Le drone excelle également dans la précision des clichés réalisés. Capable d’approcher le chantier au plus près, il permet le calcul de mesures spatiales à partir de multiples photos numériques — technique dite de photogrammétrie.La précision des plans ainsi réalisés est de l’ordre de quelques centimètres et les images traitées sur ordinateur permettent même de reconstituer ensuite un bâtiment complet en 3D. Plus généralement, les drones ont la capacité d’assembler un grand nombre de points géolocalisés et de reconstituer une typographie pour une surface donnée : le procédé est bien moins complexe et coûteux qu’en prenant des mesures au sol ou par tachémètre !

 

Quelles sont les solutions du marché ?

L’investissement dans un drone peut sembler coûteux et nécessite une formation puis un entrainement au pilotage avant d’être efficace. Des prestataires spécialisés proposent désormais leurs services à l’instar de Parrot Air Support, filiale du groupe français Parrot. Cette dernière met notamment à disosition des professionnels de la construction un catalogue des services basés sur l’imagerie aérienne par drones et qui couvrent l’ensemble des phases de la vie d’un bâtiment : le suivi d’un chantier, le relevé de l’existant avec la fourniture de plan précis à cinq mètres mais aussi l’inspection visuelle et thermographique. Leurs drones peuvent contrôler par exemple l’évacuationdes toits terrasses, localiser des fissures, inspecter une toiture, mesure l’avancement d’un chantier par une vue d’ensemble ou encore mesurer les métrés d’une façade avant réhabilitation. Il s’agit d’un service clé en main puisque Parrot Air Support se charge de planifier la mission et de gérer les démarches administratives. Le client peut suivre en ligne — sur le cloud, les différentes étapes de son projet jusqu’à la mise à disposition des éléments commandés. Les livrables numériques sont importables directement dans les outils informatiques du professionnel du BTP. À noter que leurs prestations débutent à 1 500€ HT.

En ce qui concerne, l’achat d’un drone, de nombreuses solutions sur le marché sont disponibles? La société Redbird, une start-up française qui a rejoint récemment l’américain Airware, propose aindi de former des pilotes chez ses clients et de les équiper en drones. Ils assurent ensuite l’analyse des données réalisées — modélisations 3D, numérisation de chantiers et cartographie, fournissant alors à leurs clients de précieux outils de travail et de décision.

 

Des drones pour les peintres ?

Lancés lors du dernier salon Batimat, Drone Paint est un drone spécialement conçu pour les professionnels du bâtiment, en particulier pour les peintres. Créé par Drone Volt, spécialiste français du drone professionnel, cet hexacoptère permet le traitement et le nettoyage de surfaces, le suivi de chantier, l’inspection d’ouvrages ou encore des travaux de nettoyage et de peinture. Il peut pulvériser par aérosol de nombreux produits : peinture, anti-rouille, anti-tag, anticorrosion…

 

Quels sont les avantages ?

La rapidité des drones est surprenante : ils peuvent intervenir en quelques minutes seulement, là où la mise en place d’une nacelle ou d’un échafaudage aurait pris des heures. Fini les risques d’accident puisqu’il n’est plus nécessaire de se rendre dans des zones difficiles, dans des lieux contaminés ou de monter sur un toit pour réaliser un diagnostic. Aucun risque non plus de dégradation du bâtiment lors de l’intervention, due à une machine de levage. Équipés d’un GPS, les drones professionnels réalisent des images d’une précision surprenante et d’une excellente définition. Les relevés de données réalisés sont nombreux et détaillés, dans des quantités inatteignables par un simple opérateur. Le coût des clichés est également réduit par rapport à des photos aériennes.

 

Quid de la réglementation ?

La France est un des tout premiers pays à s’être doté d’une réglementation spécifique à l’utilisation des drones civils en 2012. L’arrêté du 17 décembre 2015 impose ainsi aux télépilotes de drones professionnels de disposer du brevet théorique d’ULM afin de pouvoir se faire référencer comme exploitant professionnel auprès de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). L’encadrement concernant le développement et l’usage des drones de plus de 25 kg a même été renforcé depuis l’adoption par le Sénat en octobre 2016 d’une nouvelle règlementation. Elle vise à rendre obligatoire l’immatriculation et l’enregistrement de drones ainsi que le déploiement de dispositifs de signalement afin d’améliorer la sécurité des tiers dans les espaces aériens. Enfin, cette loi permet de définir officiellement la fonction de télépilote.

Les drones sont en passe de devenir incontournables dans le secteur du bâtiment. Relativement peu coûteux d’utilisation, flexibles, adaptables aux situations difficiles, ils deviendront d’efficaces assistants de chantier dans les années qui viennent. L’histoire nous dira s’ils seront des concurrents de l’opérateur ou remplaceront à terme le géomètre. Mais une chose est sûre : ils s’inscrivent dans la phase de transition du secteur BTP : les données qu’ils récoltent pourront bientôt être intégrées dans les maquettes numériques BIM, les mettant ainsi à disposition de tous les acteurs du chantier de construction ou de rénovation.

 

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